INTRODUCTION | PDF
Le présent rapport est consacré aux activités réalisées à la Réserve Forestière de Kalonge. Située en territoire de Beni dans le groupement Masiki-Kalonge, chefferie de Bashu en République démocratique du Congo, la Réserve Forestière de Kalonge est un bloque forestier appartenant traditionnellement au groupement Masiki-Kalonge. Entourée des champs de cultures vivrières, elle est presque l’unique forêt plus ou moins naturelle se trouvant à proximité des grandes agglomérations, jouant ainsi un rôle important dans la régulation du microclimat.
Depuis l’an 2019, l’organisation Congo Biotropical Institute (CBI) accompagnée par ses partenaires, a lancé une série d’activités dans le domaine de conservation et protection de la biodiversité sauvage, mais aussi dans l’amélioration des conditions sociaux économique des populations locales vivant autour de la réserve. Ces actions ont été réalisées dans le cadre du projet de Restauration et conservation de la Réserve Forestière de Kalonge.
Les actions réalisées à la réserve forestière de Kalonge durant ces trois années ont positivement impacté la vie des membres de la communauté locale, leur perception vis-à-vis de la nature, elles ont également impacté la vie de la faune sauvage qui grâce aux activités de reboisement peut maintenant avoir une habitation naturelle reconstruite où s’y épanouir, mais aussi de la nourriture disponible dans leur milieu de vie.
LES REALISATIONS ET LEURS IMPACTS : Les réalisations spécifiques et leurs impacts tant pour la biodiversité que pour les populations riveraines de la Réserve forestière de Kalonge sur une période allant de 2019 à 2022 sont :
A). Le reboisement (reforestation) : Environ 13 000 nouveaux arbres ont été plantés dans les zones déboisées de la réserve. Des arbres forestiers, des arbres fruitiers (Myrianthes, Goyaviers, Prunelles) et des plantes médicinales (Croton megalocarpus, Artemisia).
Ceci a été fait dans le but de :
- Lutter contre le réchauffement climatique,
- Redonner un habitat naturel à la faune sauvage qui vit dans la réserve,
- Rendre disponible la nourriture pour la faune sauvage ;
- Rendre disponible des plantes médicinales nécessaires pour l’amélioration de la santé humaine des populations locales. Etant donné que certaines des espèces végétales plantées sont réputées de posséder des vertus thérapeutiques.
B). Le sauvetage et réhabilitation de la faune sauvage.
Dans le cadre de sauvetage et réhabilitation de la faune sauvage, nous avons secouru plusieurs espèces animales sauvages et nous leurs avons réintroduites dans leur habitat naturel à la réserve forestière de Kalonge. Les animaux suivants ont été récupérés des mains des braconniers :
- Deux babouins femelles (singes),
- Sept cercopithèques (singes),
- Un bébé chimpanzé (singe),
- Dix-huit tortues de forêt,
- Une vipère (serpent),
- Vingt-cinq perroquets gris (oiseaux).
Deux babouins femelles (singes), Sept cercopithèques (singes), Un bébé chimpanzé (singe), Dix-huit tortues de forêt, Une vipère (serpent), Vingt-cinq perroquets gris (oiseaux).
C). Soutien aux membres de la population locales
Afin de promouvoir la conservation participative faisant participer les communautés locales aux actions de conservation de la nature tout en intervenant dans l’utilisation durable des ressources naturelles/forestières : il est impérativement important de mettre en place des programmes soutenant les solutions alternatives/substitutions aux produits forestiers et soutenir le développement.
C’est dans ce cadre que, après avoir offert des semences des plantes potagères, des céréales, des plantes médicinales (Artemisia annua) et autres, nous avons également offert des petits bétails. Additionnellement, nous avons soutenu des élèves orphelins dont les parents de certains avaient été tués dans les massacres des civiles en territoire de Beni (Nord-Kivu).
- L’impact de ces actions pour la population locale ont été le suivant :
- Plus de trente ménages ont bénéficié de semences de plantes potagères, des légumes, des légumineuses, des céréales, des plantes médicinales et autres.
- Nonante ménages ont bénéficié chacun d’un couple des petits bétails (lapins ou cobayes), des cages d’élevage et d’un suivi sanitaire-médical.
- Onze élèves orphelins de l’école primaire Musienene avaient été pris en charge (équipement scolaire, frais scolaires).
Ces actions ont positivement intervenu dans la lutter contre la malnutrition dans les familles riveraines de la réserve forestière de Kalonge, contre la dépendance des populations locales aux plantes médicinales sauvages tout en promouvant le développement intellectuel et social au sein de la communauté locale.
Ces programmes de soutien à la population locale sont venus en aide à plus de 121 ménages représentant plus de 500 personnes qui en sont bénéficiaires indirectes.
- L’impact de ces activités pour la faune et la réserve ont été le suivant :
- Il y a eu une réduction des activités de chasse (décourager le braconnage) : une réduction de la pression exercée par la population locale sur la faune sauvage.
- Il y a eu réduction d’empiétement de la population locale sur la zone de conservation : réduction de la pression exercée par les populations locales sur l’habitant de la faune sauvage.
- Promouvoir le développement local à travers le soutien à l’éducation des élèves.
- Reconstruire un habitat et disponibiliser de la nourriture (arbres fruitiers) pour la faune sauvage qui vit dans la réserve.
D). Travailler avec les populations locales
Afin d’implique les membres de la communauté locale dans les activités, nous engageons les certains d’entre-deux en qualité de main d’œuvre locale. Nous sélectionnons les femmes sans ressources financières, et aussi avec les jeunes filles-mères (mère célibataires). Nous les rémunérons soit journalièrement, soit mensuellement selon les cas afin de leur offrir un moyen de survie et subvenir aux besoins de leurs enfants. Ainsi, dans la mise en œuvre des activités :
- Plus de 670 personnes des différents ménages ont travaillé dans nos activités sur terrain comme main d’œuvre locale, ils ont été rémunérés journalièrement.
- Plus de 40 filles-mères (mères célibataires) ont été embauchées et elles ont été rémunérées mensuellement.
Plus de 670 personnes des différents ménages ont travaillé dans nos activités sur terrain comme main d’œuvre locale, ils ont été rémunérés journalièrement. Plus de 40 filles-mères (mères célibataires) ont été embauchées et elles ont été rémunérées mensuellement.
F). Education environnementale
Chaque année, nous menons des séances des sensibilisations sur le bienfondé de la protection de la nature, montrer le rôle de l’arbre dans la survie de l’humanité. Des élèves et étudiants se rendent à la réserve forestière de Kalonge dans le cadre d’éducation environnementale, stage et recherche.
Nous essayons de préparer et de mettre en place une nouvelle génération engagée dans la question de protection environnementale afin que celle-ci soit prête à prendre la relève, le moment venu.
F). Des essais sur l’agroforesterie
Après avoir réalisé un essai sur l’agroforesterie avec la pomme de terre l’an passé (2021), cette année, nous avons réalisé des essais avec les haricots.
Le but étant de vouloir montrer aux populations locales qu’elles peuvent cultiver et exploiter leurs terres tout en intervenant dans la protection environnementale en offrant un abri pour la faune sauvage et en luttant contre le réchauffement climatique. C’est dans le cadre de l’utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles.
Cette activité attire de plus en plus l’engouement de la population locale, les femmes agricultrice sont très intéressées et prêtes à se lancer dans l’exploitation de cette nouvelle approche.
G). Réduire les conflits Homme-Fane sauvage
Depuis toujours, la question n’a jamais eu de réponses appropriées pour ce qui concerne les conflits de cohabitation entre la faune sauvage et les agriculteurs riverains des zones de conservation.
Les agriculteurs (communautés locales riveraines) ayant des champs cultivés autour des aires protégées se plaignent du débordement des animaux sauvages qui viennent souvent s’approvisionner dans leurs champs.
En effet, pendant certaines périodes de l’année, on peut assister à la diminution des fruits et autres produits alimentaires au sein de la forêt. Et pour pouvoir s’alimenter, les animaux sont souvent obligés de se ravitailler dans les champs des populations locales situés autour des zones de conservation. Cela a toujours créé des conflits allant jusqu’au piégeage par les populations riveraines, dans et autour de leurs champs ; chacun se disant que les champs de cultures sont leurs propriétés privées puisque situés en dehors des zones de conservation.
C’est pourquoi, après avoir réalisé des essais pendant deux ans avec l’association Congo Biotropical Institute, une piste de solution, qui a porté ses fruits, est ainsi ici proposée : afin de palier la problématique de débordement des animaux sauvages vers les champs des communautés riveraines, l’association Congo Biotropical Institute aménage, à l’intérieur de la réserve forestière de Kalonge, des espaces où elle plante des arbres fruitiers, des bananiers, des patates et des céréales destinés à nourrir les animaux sauvages au sein de la réserve. Le but est de rendre disponibles et accessibles des produits champêtres au sein de la réserve, et ainsi empêcher que les animaux sauvages n’aillent chercher leur pitance dans les champs des populations riveraines.
Ce que nous faisons, c’est d’adapter la période de semailles afin que la floraison et/ou la fructification coïncide avec la pénurie en fruits et autres grains dans la forêt/zone de conservation. Cela pourrait réduire considérablement les empiétements et ravages des champs des riverains par la faune sauvage.
Bien que cette technique ait été testée sur une petite réserve forestière (Kalonge), elle pourra être adaptée à une très grande superficie forestière en multipliant les « espaces-champs-sauvages » au sein d’une aire protégée. Ces « espaces-champs-sauvages » retiendraient les animaux sauvages au sein des zones de conservation limitant ainsi les ravages dans les cultures des populations riveraines des aires protégées.
C’est une piste de solution qui devrait être exploitée par tous les organismes de protection et conservation de la biodiversité sauvage dans les aires protégées.
ACTIVITES REALISEES EN 2022
Les activités réalisées en 2022 sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Période/2022 | Synthèses d’activités réalisées ou en cours de réalisation. |
De Février à Mars | ▪ Préparation du terrain et achat des matériel ▪ Transplantation des jeunes plantes. ▪ Arrangement des plates-bandes. ▪ Travailler avec les femmes et filles-mères. ▪ Sarclage des anciens arbres. ▪ Aménagement des espaces pour les champs-sauvages |
Avril | ▪ Surveillance et visite aux filles-mères bénéficiaires du projet ▪ Mise des graines dans des sachets. ▪ Travailler avec les femmes et filles-mères. ▪ Sarclage des anciens arbres. ▪ Arrosage collective de jeunes plantes. |
Mai | ▪ Entretien et remplacement des plantules en mauvais état ou sèches par celles qui sont encore jeunes. ▪ Coupe des supports et Piquetage. ▪ Monitoring et vérification des pistes clandestines au sein de la réserve. ▪ Rencontre et échange avec le chef coutumier de Masiki-Kalonge. ▪ Sarclage des anciens arbres. |
Juin | ▪ Transplantation. ▪ Entretien des nouvelles plantules. ▪ Sensibilisation des riverains (écoliers, élèves et étudiants). Ainsi les nouveaux venus au sujet de l’importance de la conservation communautaire. ▪ Campagne de lutte contre le braconnage et les entrées intempestives dans la réserve. ▪ Réhabilitation de la maison sur le site ▪ Sarclage des anciens arbres. ▪ Encadrement des étudiants stagiaires écologistes venus de l’université officielle de Ruwenzori/Bembo. ▪ Essaie sur l’agroforesterie |
Juillet | ▪ Transplantation et vérification d’espaces où les plantules n’avaient pas poussé. ▪ Entretien de germoir. ▪ Encadrement des étudiants par des travaux réalisés au sein de la réserve en général. ▪ Contrôle et suivi des travaux des filles-mères. ▪ Descente et enregistrement des bénéficiaires des petits bétails (cobayes). |
Août | ▪ Distribution des cobayes aux membres de la communautés locales riverains de la réserve. ▪ Suivi des travaux réalisés par les filles-mères. ▪ Surveillance générale de tous les coins de la réserve. ▪ Sarclage des anciens arbres. |
Septembre | ▪ Surveillance des travaux en cours de réalisation par les filles-mères. ▪ Visite et présentation des condoléances à une de nos fille-mères ayant été éprouvé par la mort. Son fils avait été tamponné par un motocycliste. ▪ Formation du staff local de CBI sur comment utiliser le, caméras, GPS et boussole. ▪ Suivi et préparation des travaux des filles-mères pour l’étape suivante. |
Octobre | ▪ Rencontre avec le chef traditionnel du groupement Masiki-Kalonge. ▪ Sarclage des anciens arbres. ▪ Transplantation. |
PREVISION DES ACTIVITES A REALISER EN 2023
Pour l’année prochaine, 2023, une longue liste d’activités inscrites à l’ordre du jour tant dans le cadre de la conservation de la nature, le développement socio-économique et sanitaire, mais aussi un sujet particulier portant sur le lancement de création officielle de la Concession Forestière des Communautés Locales de Masiki-Kalonge.
Nous envisageons la concrétisation des actions suivantes :
- Poursuivre les activités de reforestation avec des arbres forestiers et entretien des arbres déjà plantés.
- Reprise des activités de sauvetage et réhabilitation de la faune sauvage.
- Lancement de la quatrième phase de soutien à la population locale en offrant des petits bétails et en soutenant les élèves en termes de kits scolaire et frais scolaires.
- Essai de l’agroforesterie élargi aux membres de la communauté locales.
- Lancer officiellement le processus de création officielles de la Concession Forestière des Communautés Locales de Masiki-Kalonge (CFCL Masiki-Kalonge).
Le processus de mise en place de la CFCL Masiki-Kalonge sera subdivisé en plusieurs phases dont la rencontre officielle avec les différentes familles ayant contribué à la mise en commun de leurs terres, la cartographie participative et le marquage des limites, l’inventaire faunique et floristique, le zonage.
Le but de la création officielle de la CFCL Masiki-Kalonge est de vouloir pérenniser les réalisations afin de pouvoir offrir un habitat permanent à la diversité faunique vivant dans la réserve et maintenir définitivement l’existence de cette réserve forestière.
BRÈVE PRÉSENTATION DE CONGO BIOTROPICAL INSTITUTE
Congo Biotropical Institute est une organisation de protection et conservation de la nature. L’organisation prône une approche particulière basée sur l’amélioration des connaissances et pratiques traditionnelles locales en matière de conservation de la nature. Adapter ces connaissances aux défis et enjeux environnementaux en renforçant les capacités des populations locales – plus particulièrement les jeunes – par la participation à des recherches scientifiques et des formations pratiques. Ceci, afin de mieux connaître pour mieux protéger les écosystèmes tropicaux locaux. Permettre aux communautés locales (peuples autochtones) de bénéficier des ressources naturelles forestières tout en intervenant dans la protection de la biodiversité et en luttant contre le réchauffement climatique.
Grâce à notre approche et à la mise en pratique de notre mission et de nos objectifs, nos actions nous permettent de :
a). Promouvoir des solutions alternatives aux produits forestiers.
Etant conscients que les forêts tropicales communautaires constituent une source des produits de survie pour les populations locales vivant au sein ou autour, des matériaux de construction, des produits médicaux et alimentaires mais également des ressources économiques : il est difficile de conserver ces forêts d’une manière intacte et durable sans pour autant rendre disponible et accessibles des moyens alternatifs aux produits forestiers dont dépendent les communautés locales et/ou les peuples autochtones.
b). Recherches scientifiques et connaissances traditionnelles
Combiner les résultats issus de recherches scientifiques et les connaissances coutumières traditionnelles afin de pouvoir créer et proposer des solutions ou des alternatives adaptées qui se concrétisent par des actions palpables. Ici, le but est de mieux connaître afin de mieux protéger les écosystèmes tropicaux et de mieux agir en mariant connaissances scientifiques et savoirs vernaculaires.
c). Promouvoir l’agriculture pérenne et lutter contre la déforestation
Le défi socio-économique est l’un des multiples obstacles à prendre en compte dans le système de conservation communautaire par les communautés locales vivant au sein ou autour des forêts tropicales du Congo.
Tout en limitant la déforestation répétitive et dévastatrice, l’agriculture pérenne (et/ou l’agroforesterie) contribue à l’amélioration de la situation socio-économique des populations locales. L’agriculture pérenne intervient aussi dans la lutte contre le réchauffement climatique par le maintien des forêts.
d). Travailler au niveau local avec les enfants et les jeunes
Le but étant d’inculquer des valeurs rationnelles aux enfants et aux jeunes – à travers la sensibilisation dans les écoles et les associations de jeunes. Il s’agit de les préparer à s’impliquer davantage dans les domaines de la conservation de la nature et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans le cadre des soutiens financiers, Congo Biotropical Institute intervient dans la recherche de bourses d’études pour les jeunes qui souhaitent s’investir dans les milieux scolaires en relation avec : la foresterie, l’agroforesterie, l’écologie et l’environnement. C’est une manière de former les prochaines générations africaines, susceptibles de prendre la relève dans les années à venir. Effectivement, il faut aujourd’hui lutter plus efficacement contre la dégradation des forêts, tout en intervenant dans le bien-être socio-économique et sanitaire des populations africaines.
Quelques images des activités
Distribution des petits bétails aux membres de la population locale de Kalonge.
Sur ces images, vous pouvez voir quelques bénéficiaires des cobayes, ils sont tous issus des différents villages situés autour de la réserve forestière de Kalonge.

































Sur les photos ci-dessous, vous verrez les filles-mères et les femmes, elles travaillent comme mains d’œuvre locales dans les activités de sarclage des arbres à la réserve forestière de Kalonge.




Quelques actions de sarclage
Les photos ci-dessous montrent quelques actions des sarclages et prise des soins des arbres






Les photos suivantes montrent quelques espaces déjà déboisés et où nous sommes en train de tester une régénération sans sarclage.
Le but et devoir comment les arbres se comporteraient dans la brousse et comment est-ce qu’ils vont évoluer avec d’autre plantes autour d’eux. Cela nous permettra de décider de l’arrêt du sarclage des arbres dans certaines vallées au sein de la réserve forestière de Kalonge.









Champs sauvages
Enfin d’apporter de pistes de solutions dans le processus de résolution des conflits entre l’Homme et les animaux sauvages, nous essayons de mettre en place des petits champs à l’intérieur de la réserve forestière de Kalonge. Vous pouvez le constater sur ces images :






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